lundi 16 juin 2008

Une catastrophe évitée avec brio

Ça peut m'arriver parfois, mais là c'est sans la moindre ironie : je trouve que le gouvernement fait preuve d'une grande compétence, leur plan a vraiment été ficelé dans les moindres détails.

Il fallait à tout prix éviter une catastrophe qui risquait de découler du papy-boom : le plein emploi.
En effet, d'après la devise prônée à 2 reprises par un analyste financier sur france-inter en 2006 ("Le pire ennemi des marchés, c'est le plein emploi"), il est évident que plein emploi signifie un équilibre entre l'offre et la demande sur ce marché (celui de l'emploi). Ce qui se traduit par l'impossibilité de réduire les salaires.
La politique actuelle consiste donc à augmenter le nombre de demandeurs d'emploi tout en baissant le nombre de chômeurs. Impossible me direz-vous, et bien pas pour notre droite sur-compétente, d'autant plus que ne reculant devant aucun défi elle s'est attribuée un challenge supplémentaire en communicant sur l'augmentation du pouvoir d'achat.

Alors comment on fait ?

Bien sûr, il y a un pré-requis pour le bon déroulement du plan, il faut s'assurer de la parfaite loyauté des médias. Mais ça ne diminue en rien la performance, jugez-plutôt :

Pour masquer le nombre de chômeurs rien de tel que les emplois à temps partiel et durée déterminée. Comme ça on peut jongler avec les chômeurs : on masque ceux qui sont temporairement en activité et en plus on empêche l'ouverture d'un poste à temps plein (il n'y a pas de petites économies). On fait donc basculer le statut de chômeur au statut de précaire. Comme on a la coopération pleine et entière des médias, on s'assure qu'ils ne dévoilent jamais ce subterfuge (tout repose sur lui finalement).

En ce qui concerne l'augmentation du temps de travail, on permet aux entreprises de recourir, facilement et sans frais, aux heures supplémentaires là où un poste temps plein aurait été nécessaire. Ce qui permet de faire passer le défi supplémentaire : la communication sur l'augmentation du pouvoir d'achat. Et pour finir on appuie sur les défauts de mise en application des 35 heures (par les entreprises qui ont refusé de respecter la loi).

Enfin, on sort l'artillerie lourde : l'augmentation de l'âge de la retraite pour faire un apport massif de demandeurs d'emploi. Là il y a encore un problème à résoudre car les entreprises ne veulent pas de séniors, donc ils risquent d'apparaitre dans les statistiques. Mais le gouvernement a promis que ça deviendrait une priorité, et on peut leur faire confiance puisque c'est le but de la manœuvre, et qu'en fin de compte c'est dans l'intérêt du patronat.

Il reste un problème me direz-vous, c'est qu'il faut attendre la génération de travailleurs suivants pour avoir une baisse effective des salaires, et les patrons n'aiment pas attendre. Même dans le cas d'un chômeur il faut encore qu'il soit en fin de droits pour qu'il accepte une baisse de salaire, c'est encore beaucoup trop long.
Non il faut agir vite, donc on met en place toute une batterie de mesures pour que les entreprises puissent licencier légalement dans le seul but de pouvoir réembaucher moins cher derrière (la fameuse flex-sécurité, la ceinture de sécurité élastique).
Pour ce qui est des chômeurs, on fait une loi sur les offres d'emplois raisonnable qui passe grâce à un autre bouc-émissaire : le chômeur fainéant.

On est donc arrivé a augmenter considérablement le nombre de demandeur d'emploi tout en baissant le nombre de chômeur, baisser les salaires tout en communiquant sur l'augmentation du pouvoir d'achat, supprimer la protection des salariés et éliminer la prise de risque pour les chefs d'entreprise. Et tout ça au nez et à la barbe de l'opposition.

Franchement, je suis admiratif.